Le Dharma, la doctrine que le Bouddha Shakiamuni enseigna au VIème siècle avant JC est à l'origine
de l'une des grandes religions du monde.
Originaire de la vallée du Gange, le bouddhisme s'étendit en
mille ans au Sri Lanka, en Chine, en Asie du Sud Est, au
Japon et au Tibet. L'occident s'y intéresse vraiment depuis les
années 60. Le bouddhisme est la seule grande tradition
religieuse à ne pas prétendre être l'unique détentrice de la
vérité. Il ne s'est jamais opposé aux trois grandes religions
monothéistes.
Si le Bouddhisme reste une religion orientale, il offre un
diagnostic universel de la souffrance des hommes et propose
à chacun de trouver la voie qui libère de cette souffrance.
Cela passe par l'effort individuel et une morale basée sur la
non violence et la compassion. La pratique de la méditation
permet de se libérer progressivement de la source de la
souffrance et d'avancer sur le chemin de la "guérison".
Le Bouddhisme s'est développé depuis 2500 ans sous de
multiple formes, du Dharma originel au Véhicule de Diamant
du Tibet en passant par le Théravada d'Asie du Sud Est ou le
Zen au Japon...
Sommaire de la page (Liens directs)
La naissance de Siddharta
De la vie de plaisir à la révélation
La période d’ascèse
La Méditation qui conduit à l’éveil
Les années d’enseignement
L’Octuple sentier et las Quatres nobles vérités
Les autres cycles d’enseignement
Les derniers jours du Bouddha
La communauté bouddhiste : le sangha
La constitution du sangha
Les conciles et les diversifications du sangha
Les soutiens politiques et le rôle d’Ashoka
Les soutiens locaux du vivant du Bouddha
Ashoka
La naissance de Siddharta
Sidharta Gautama, fils du roi Suddhodana et de la reine Mayadevi, est issu d'une famille de haute caste de la république
Shakya. Il naquit en 566 av. JC au pied de l'Himalaya dans une Inde brahmanique où le cycle des renaissances, le
samsara, était lié au karma; l'abandon de la vie conventionnelle (l'ascétisme et la discipline du corps) permettait de
trouver la voie conduisant au salut et de se délivrer de la souffrance des renaissances.
Peu avant la naissance de Siddhârta, sa mère fit un rêve que les prêtres
de la cour interprétèrent comme la future naissance d’un fils doté de
capacités exceptionnelles.
La tradition rapporte que la reine Mayadevi, en chemin pour rendre
visite à sa famille, accoucha à Lumbini, localité du nord de l’Inde
actuellement au Népal, debout, la main droite appuyée sur la branche
d’un figuier. L’enfant sortit par son flanc et fit sept pas vers les points
cardinaux en proclamant "Je suis né pour l’éveil, c’est ma dernière
naissance en ce monde".
Asita, un sage de renom, reconnut sur le corps de Siddhârta les trente-
deux marques majeures et les quatre-vingts signes mineurs d’un grand
être. Il renouvela la prophétie des devins : "Siddhârta deviendra
Cakravartin (monarque universel) s’il demeure au palais ou bouddha s’il
renonce aux affaires du monde".
De la vie de plaisirs à la révélation
Le jeune Siddhârta reçoit une éducation conforme à son rang. Il excelle dans tous les domaines mais n’accorde que peu
d’intérêt aux choses militaires.
Se rappelant la prophétie, le roi Suddhodana son père lui organise une vie de
plaisirs dans son palais de Kapilavastu.
A seize ans, il épouse la princesse Gopa dont il aura un fils, Rahula.
Un jour, il ordonne à son cocher de l’emmener visiter un parc en bordure de la
capitale royale.
En route, il remarque un vieillard à bout de forces. Plus tard, il croise au bord
du chemin un homme atteint d’une maladie incurable, puis un cadavre étendu
sur le bas côté.
Ces visions sont pour lui une révélation sur le caractère tragique de l’existence.
La rencontre avec un renonçant au visage serein va le décider à abandonner la
« vie habituelle » et à rejoindre les ascètes errants.
Une nuit, à vingt-neuf ans, il quitte le palais, confie ses vêtements à son fidèle
serviteur Khanda en lui demandant d’expliquer à son père les raisons de son
départ. Il se rase la tête et revêt, en guise de vêtement, un pan d’étoffe orange.
De la période d’ascèse à la voie moyenne
Commence alors une grande pérégrination dans la région du Gange. A Vaishali, il devient
le disciple du brahmane Arada Kalama qui lui enseigne les chants védiques et des
techniques mentales de concentration conduisant à l’apaisement de l’esprit.
Il se rend ensuite à Rajagriha, capitale du Maghada, pour recevoir les enseignements de
Rudraka Ramaputra, maître en yoga. Refusant les offres du sage qui lui propose de
devenir le maître de son école, il poursuit sa route.
C’est alors que commence une période d’ascèse de six années. Cinq brahmanes
renonçants le rejoignent. Sous l’effet des privations, le corps s’émacie jusqu’à ressembler
à un squelette. Il constate que l’affaiblissement de son énergie obscurcit sa conscience :
les mortifications ne mènent pas à l’éveil mais au contraire accentuent la souffrance.
« Exactement comme l’herbe kusha qui, cueillie maladroitement, coupe la main de celui
qui la cueille, de même la vie acétique, maladroitement menée, mène à l’état infernal »
Dhammapada 311ème verset
Une fois prise cette raisonnable décision, il remangea peu à peu les fruits qu'il trouvait
près de lui et reprit suffisamment de forces pour se lever et aller recevoir de la nourriture
à l'aide de son bol. Quelques jours plus tard il retrouva sa belle apparence d'antan, et
suffisamment d'énergie pour poursuivre sa pratique dans des conditions pleinement
satisfaisantes.
La méditation qui conduit à l’éveil
Se rappelant un souvenir d’enfance, il s’installe au pied d’un pipal, se fait un coussin
d’herbe kusha, l’herbe utilisée pour les rituels védiques, et médite pendant quarante-
neuf jours.
Juste avant l’éveil, Siddhârta Gautama subit les assauts de Mara le prince des démons.
Se sentant menacé par celui qui risque de mettre fin à
son pouvoir, celui-ci essaye de le déstabiliser avec une
multitude d’attaques destinées à faire resurgir le désir
et l’attachement au corps périssable.
Siddhârta prend alors la terre à témoins en touchant le
sol de sa main (bumiparsha mudra). Il affirme ainsi la
présence de l’éveil en ce monde.
Son esprit est apaisé. Il revoit défiler ses vies
antérieures, comprend le mécanisme du karma, la nature impermanente et
l’interdépendance de tous les phénomènes.
A trente-cinq ans, Siddhârta Gautama fait l’expérience de l’éveil. Pendant une semaine, il
examine le sens et la portée de sa découverte. Pendant les six semaines suivantes,
emprunt du doute, il s’interroge sur le fait de faire part de sa découverte : personne
n’acceptera de faire les efforts nécessaires pour atteindre l’éveil.
Brahma lui apparaît alors pour le convaincre d’agir comme l’ont fait les bouddhas du
passé.
Les années d’enseignement
Le Bouddha se rend à Sarnath, près de Bénarès, dans le parc des Gazelles où ses
anciens compagnons d’ascèse ont trouvé refuge. Ceux-ci, impressionnés par la
transformation qui se traduit par la majesté de son allure, lui demandent d’en expliquer
les causes. Le Bouddha dispense son premier enseignement : il met en route la roue du
Dharma.
Le premier enseignement : les cinq agrégats, les quatre nobles vérités et l’octuple sentier .
Le Bouddha explique qu’ayant fait l’expérience des plaisirs comme de l’ascèse, il a choisi la voie médiane qui « conduit à
la tranquillité, à la connaissance suprême, à l’éveil, au nirvana ».
Le Bouddha poursuit en énonçant le fondement de tous ses enseignements futurs.
Les "Cinq agrégats"
Tout découle de la prise de conscience de l'impermanence du moi et de l'être. L'homme est la
combinaison d'éléments fondamentaux, les "Cinq agrégats" qui ne sont ni stables ni
permanents :
•
La matière (Terre, eau et feu)
•
La sensation (relation entre les six sens: vue, ouïe, odorat, goût, toucher, l'esprit et les
six objets externes correspondants : ce qui ne peut être vu, entendu, senti, , goûté,
touché, pensé)
•
La conscience
•
La construction mentale
•
La connaissance
•
L'impermanence de ces éléments génère la douleur (Dukkha) : Comment peut-on être
heureux si tout change inlassablement, si ce que l'on croyait être est déjà passé, si nous
vieillissons inexorablement, si notre esprit perd peu à peu ses capacités...?
Les "Quatre nobles vérités"
•
La vérité de la souffrance (Dukkha) : souffrance et insatisfactions ne cessent de se manifester tout au long de la
vie.
•
La vérité sur l’origine de la souffrance (Samudaya) : le désir et les émotions négatives naissent de
l’incompréhension de notre véritable nature
•
La vérité sur la cessation de la souffrance (Nirodha): le nirvana est l'aboutissement. L’esprit humain retrouve sa
nature véritable après qu’il se soit débarrassé de tous les voiles d’illusions qui l’entravent et le font souffrir
inutilement.
•
La vérité de la voie vers l’extinction de la souffrance (Marga): c'est l’ensemble des moyens permettant de
supprimer les causes de la souffrance avant qu’elles ne se manifestent.
La voie qui conduit au nirvana est le "Noble octuple sentier".
Le "noble octuple sentier ":
•
Compréhension juste
•
Pensée juste
•
Parole juste
•
Action juste
•
Moyens d’existence justes
•
Effort juste
•
Attention juste
•
Concentration juste
Celui qui suit jusqu'au bout le noble octuple sentier devient un arhat, un homme qui mène une vie bienheureuse, et s'est
libéré de l’égo.
Les autres cycles d'enseignement
Le second cycle d’enseignements se déroule au Pic des Vautours, à côté de Rajagriha.
Il traite de la vacuité des phénomènes : Rien n’est réel, au sens où rien n’a une existence
indépendante qui lui appartienne en propre ou n’est rien de plus qu’un phénomène
temporaire (lui-même combinaison de millions de phénomènes encore plus fugitifs). Tout est
interdépendant.
De nombreux disciples rejoignent le Bouddha dont son fils Rahula qui fut ordonné moine à
l’âge de vingt ans.
Pendant quarante-cinq ans, le Bouddha enseigne. Soutenu par les rois de Maghada et du
Koshala, il dispense son enseignement à tous, gens simples comme intellectuels, dans les
différents centres urbains ; il marche jusqu’à vingt kilomètres par jour.
Les derniers jours du Bouddha
A quatre-vingts ans, la santé du Bouddha se dégrade chaque jour. Il poursuit pourtant ses pérégrinations. En chemin, il
est victime d’une intoxication alimentaire. Très affaibli, il rejoint Kushinagara, au sud de Lumbini.
Les moines lui aménagent une couche d’herbe dans un bosquet d’arbres sala en pleine floraison. Le Bouddha s’allonge et
déclare qu’il se repose en sa dernière demeure. Moines et laïcs se rassemblent autour de lui, silencieux.
Il donne ses dernières instructions et passe en revue son enseignement
sur l’éthique, la méditation et la sagesse. Il résume le dharma en
trente-sept points.
« Tant que les moines formeront un groupe uni, maintiendront les
règles du sangha et s’entraineront à la maîtrise de soi, tout ira bien.
Soyez votre propre lampe. Soyez votre propre refuge. Maintenez
fermement le dharma. Ne cherchez pas refuge en dehors de vous
même. Ainsi vous vaincrez les ténèbres. »
Allongé sur le côté droit, la main droite sous la tête, il entre dans un
état de profonde méditation et quitte ce monde. Le Bouddha a atteint
le paranirvâna, le « nirvana complet » qui le libère de tout lien avec ce
monde.
La communauté bouddhiste ou sangha
La constitution du sangha
Le sangha, « l’assemblée vertueuse », est l’un des trois joyaux du refuge avec le Bouddha et le Dharma. C’est
l’assemblée de ceux qui pratiquent et transmettent les enseignements, moines, nones et laïcs qui se reconnaissent dans
le Bouddha.
Le sangha s’est mis en place au fil des circonstances. Les cinq premiers compagnons d’ascèse du Bouddha sont les
premiers moines qui constituent le noyau de base.
La communauté comptera rapidement plusieurs centaines de moines, les bikkhus,
littéralement « ceux qui mendient leur nourriture ». Le moine renonce au luxe
comme au superflu, ne dispose d’aucun argent et mendie sa nourriture.
Le Bouddha s’est toujours appuyé sur les moines les plus « avancés » pour
transmettre ce qu’ils avaient reçu. Il leur accorde également la possibilité de
conférer l’ordination.
Au début, il suffisait de renoncer aux biens terrestres, de se raser la tête et la
barbe, de revêtir la robe ocre et de réciter le « Triple Refuge » :
•
Je prend refuge dans le Bouddha
•
Je prend refuge dans le dharma (la doctrine)
•
Je prend refuge dans le sangha (l’assemblée des moines)
On distingue les vœux des moines novices et ceux des bhikkhus pleinement ordonnés. Le novice dépend d’un précepteur
qui juge le moment opportun pour présenter son élève à l’ordination majeure.
Il existe une autre forme d’admission dans le sangha destinée aux laïcs. Après avoir pris refuge dans les trois joyaux, la
personne doit respecter cinq préceptes éthiques :
•
Ne pas tuer (y compris les animaux)
•
Ne pas voler
•
Ne pas commettre l’adultère
•
Ne pas mentir
•
Ne pas prendre d’intoxicants.
Avec l’expansion du sangha, il s’est avéré nécessaire de mettre en place une organisation plus
structurée. A la saison des pluies, les moines se rassemblent pour faire retraite. C’est
l’occasion pour eux de recevoir de nouveaux enseignements du Bouddha, mais aussi de faire
le point sur les comportements et fixer les règles de conduite.
Plus de deux cents règles furent élaborées pour les bhikkhus (moines) pleinement ordonnés.
Les conciles et la diversification du sangha
Le Bouddha n’a désigné aucun successeur. On a donc placé à la tête de la communauté Mahakashyapa, celui dont le
Bouddha a reconnu les extraordinaires capacités en présence des autres moines.
La première urgence est de préserver les enseignements. Mahakashyapa décide de rassembler les moines accomplis à
Rajagriha, la capitale du Maghada, en -479.
Nous sommes dans un monde de culture orale. Chacun récite les paroles du Bouddha. C’est ce qui explique que certains
sutras commencent par « Ainsi ai-je une fois entendu… ». Chaque fois, il précise quand et en quelles circonstances
l’enseignement a été dispensé.
Mahakashyapa énonce, en conclusion, les prémices de l’Abhidharma, qui rassemble les textes fondateurs de la doctrine
bouddhiste et qui seront rassemblées dans les Trois « corbeilles » (pitaka) du canon pali...
•
Abhidharma Pitaka : La Doctrine
•
Sutta Pitaka : Les sermons de Bouddha
•
Vinaya Pitaka : les règles du sangha
Le Canon bouddhique constitue le fondement du bouddhisme originel, celui qui va donner naissance au Theravada.
Les soutiens politiques - Le rôle d’Ashoka
Les soutiens politiques locaux
Bimbisara, fondateur de l’empire du Maghada a très tôt montré un
intérêt pour les ascètes. Lors du passage de Siddhârta Gautama, il lui
demande de venir lui transmettre son enseignement une fois que
celui-ci aura réalisé l’éveil. Lorsque le Bouddha revient, tenant son
engagement, Bimbisara se prosterne à ses pieds et embrasse la voie.
Il fait dont à la communauté du Parc des Bambous à Rajagriha qui
devient un lieu de retraite pendant la saison des pluies.
Ce soutien va permettre au Dharma de rayonner sur une grande partie
de l’empire Maghada qui couvrait le Nord Est de l'Inde.
Il en fut de même pour le roi Pasedani du Koshala.
Ashoka (IIIème siècle avant notre ère)
Ashoka hérita d’un immense empire qui s’étendait sur pratiquement tout le continent indien. Après la conquête sanglante
du Kalinga (actuel Orissa), Ashoka, pris de remords sur le champ de bataille, se tourne vers le Dharma. Il prête le
serment des laïcs en prenant refuge dans les trois joyaux.
Il favorise l’expansion du Dharma dans tout son royaume et fait ériger des piliers gravés sur
lesquels étaient inscrits en plusieurs langues des textes visant à promouvoir justice et tolérance.
Tout au long de son règne, il envoie à grands frais des moines expliquer le dharma dans tout
l'empire. Ashoka entreprend de nombreux travaux d’intérêt public, tels que des réservoirs, des
puits le long des routes.
Il appliqua scrupuleusement l’enseignement du Bouddha sur la non violence. Devenu végétarien,
il encouragea son peuple à en faire de même. La population indienne est restée massivement
végétarienne.
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